Education

Helen Keller avec son éducatrice Miss Sullivan

En 1886, à l’âge de six ans, Helen Keller émergea pour la première fois des ténèbres qui l’enveloppaient. L'éducatrice Miss Sullivan emmena alors Helen à la pompe et fit couler l’eau. Tandis que le liquide débordait de la timbale et se répandait sur la main droite de l’enfant, l’institutrice épela e-a-u dans la peaume gauche de son élève. Voici le souvenir que garde Helen de cet instant: “Le mystère du langage m’était enfin révélé. Je compris que cette chose merveilleusement fraîche qui coulait sur ma main était l’eau. Ce mot vivant éveilla mon esprit, lui donna la lumière, l’espoir, la joie.”

Pour apprendre à lire à Helen, miss Sullivan plaçait des mots découpés en relief sur du carton, à côté des divers objets qu’ils représentaient, puis les réunissait pour former une phrase, par exemple: la poupée est sur le lit, qu’elle insérait dans un cadre. “Lorsque ses doigts se posaient sur des mots qu’elle connaissait déjà, Helen criait de plaisir, écrit miss Sullivan. Se jetant à mon cou, elle m’embrassait pour exprimer sa joie. Je lui donnai un jour mon ardoise Braille pour l’amuser; la petite futée ne tarda pas à y écrire des lettres. J’ignorais qu’elle sût ce que c’était qu’une lettre.”

En trois mois, Helen apprit 400 mots et un grand nombre de phrases courantes, mais après une année d’étude, elle avait beaucoup pâli et minci. On accusa son professeur de la surmener. On lui fit d’ailleurs le même reproche lorsque Helen prépara son baccalauréat, mais à chaque fois miss Sullivan répondit: “Il ne viendrait à l’esprit de personne de ‘chloroformer’ cette enfant. Or, ce serait le seul moyen efficace de l’empêcher d’exercer ses facultés.À cette époque, Helen se prit d’un grand amour pour la toilette et les fanfreluches, insistant pour qu’on roulât ses boucles tous les soirs, si fatigante qu’eût été sa journée.

Lorsque Helen eut huit ans, miss Sullivan l’emmena à l’institution Perkins, où un monde nouveau s’ouvrit devant elle. Elle eut à sa disposition des livres en braille et entra en contact avec d’autres enfants qui pratiquaient l’alphabet manuel dans la main. Elle fit bientôt preuve de dons exceptionnels. Bien avant qu’Helen pût prendre connaissance d’une œuvre complète, miss Sullivan l’avait laissée aller d’un livre à l’autre et déchiffrer ici et là quelques mots au hasard. Elle étudiait maintenant, de façon systématique, l’arithmétique, la géographie, la zoologie, la botanique et la grammaire.

À dix ans, Helen lisait en braille avec avidité et pouvait se faire comprendre au moyen de l’alphabet manuel dans la main. En 1890, au printemps, on lui raconta qu’une jeune Norvégienne, sourde, muette et aveugle, Ragnhild Kaata, avait appris à parler. Helen brûlait d’ambition. Ses doigts volèrent dans la main d’Anne Sullivan, son institutrice, et y frappèrent: “Moi aussi je parlerai!”

Ce fut pour Helen une période de développement mental intense. Lorsqu’elle voyageait avec son institutrice, celle-ci épelait dans la main de vivantes descriptions du paysage – les collines et les rivières, les hameaux et les villes et des gens qui se trouvaient autour d’eux: leur visage et les vêtements qu’ils portaient. Elles passèrent l’été à Cape God, et Helen apprit à nager, mais son premier plongeon dans la mer lui causa une vive surprise. Personne n’avait songé à lui dire que l’eau de mer était salée. Elle apprit à ramer, à naviguer, à monter à cheval et à se servir d’un tandem.

Helen passe par le collège de jeunes files dépendant de l’université Harvard, et elle s’y prépara avec sa ténacité habituelle. Elle entra à l’école Gilman pour jeunes filles, à Cambridge, et y reçut un enseignement intensif. Toujours à ses côtés, miss Sullivan lui transmettait les cours par l’alphabet manuel. En 1900, Helen s’inscrivit à Radcliffe. C’était la première fois qu’un étudiant aveugle, sourd et muet entrait dans une université.

Citation

“On ne pourrait apprendre le courage et la patience s'il n'existait que de la joie dans le monde.”